Coup de gueule n°1 - la "sécurité" routière

D'ici fin 2012, le gouvernement prévoit de disposer sur les routes françaises de 4500 radars. Un chiffre ahurissant quand on voit le prix du matériel, mais un très bon investissement quand on voit les bénéfices à en tirer. Qu'on se le dise, la portée lucrative est prioritaire sur la sécurité routière ! En 2006 déjà, 349 millions d'euros de bénéfices avaient été tirés des PV pour excès de vitesse et 8 millions de points retirés aux conducteurs.
Pour soutenir son action, le gouvernement avance les chiffres de la mortalité sur les routes qui a fortement diminué, qu'il attribue aux « contrôles accrus ». Plusieurs limites sont à apporter à ce raisonnement ultra simpliste mais qui justifie bien cette politique. La baisse de la mortalité routière est une phénomène constant depuis des années déjà, et il faudrait surtout le mettre en relation avec l'amélioration des infrastructures et des véhicules : généralisation de l'ABS, tenue de route des voitures améliorée, air-bags, ESP, AFU, ... et généralisation des glissières de sécurités, revêtements de meilleure qualité, éclairage routier, meilleure signalisation...
Seconde limite, la vitesse n'est bien souvent pas seule responsable des accidents : certes si certains accidents sont causés par une attitude non sécuritaire d'un conducteur, la plupart sont liés à un enchaînement de facteurs. Prenons l'exemple d'un automobiliste roulant sur route à 110km/h à la place des 90 réglementaires. A la sortie d'un virage, un papy s'insère depuis un chemin sans visibilité à une vitesse de 30km/h (c'est bien souvent leur maximum). Evidemment, notre conducteur n'a pas le temps de l'éviter et c'est l'accident. Si le papy était déjà sur la route, la faute incombe entièrement à celui qui l'a percuté et les statistiques relèveront accident lié à une vitesse excessive. Néanmoins, rouler 20 km/h au dessus de la limite est-ce bien plus dangereux que de rouler 60km/h en deçà de celle-ci ?
Autre point : les excès de vitesse donnent lieu à des contraventions, donc à une amende forfaitaire selon l'excès. Néanmoins : traverser une rue à l'heure de la sortie des écolesen excédant la vitesse de 30km/h revient-il au même que le même excès de vitesse en sortie d'agglomération ?
Enfin, comme la plupart du temps, la logique du tout répressif n'est certainement pas la meilleure solution : ponctionner l'argent et les points des conducteurs à tours de bras ne va certainement pas résoudre le problème. La seule baisse de vitesse constatée sur les routes n'est certainement pas liée à une prise de conscience du "risque sécurité routière" mais plutôt à une peur globale et croissante des automobilistes du poulet au casque bleu (d'autant plus que la répression va aujourd'hui encore plus loin avec les contrôles par motos banalisées)...

NB : la qualité des contrôles routiers est également remise largement en cause notamment avec les radars mobiles. Cf les nombreux reportages réalisés par le magasine AutoPlus.

Edit : d'ailleurs, j'viens de trouver ça :-)